jeudi 8 août 2013

Retraites, pour une réforme de progrès

Depuis vingt ans les reformes des retraites se suivent et se ressemblent avec toujours moins de droits et toujours plus de devoir sans résoudre le problème du financement. Le mouvement contre la dernière de ces réformes en 2010 n'est pas pour rien dans l'élection de François Hollande. Le gouvernement ne peut pas ne pas entendre les partisans d'une autre voie, celle du progrès social et de l'efficacité économique.

Une réforme est nécessaire. Mais les mesures prises depuis 1993 ont montré leur inefficacité économie et leur dangerosité sociale. Il est temps de reprendre le chemin du progrès social. Il est temps de réinscrire la protection sociale dans un processus de revalorisation du travail et de reconquête.

Plus d'emplois et plus de salaires font de meilleures retraites.

Un travailleur heureux fait un retraité heureux. Un bon salaire fait une bonne pension. La dégradation du travail est la cause des problèmes de retraite. Depuis trente ans, les salaires ont subi de multiples amputations: exonérations des cotisations sur les bas salaires, chômage, individualisation des salaires, intensification du travail, etc. Les retraites, comme toute la protection sociale, souffrent d'un défaut de financement.

Salaires médians en France en 2010
 Emplois et salaires (2013). Insee références
Plus de 5 millions de personnes sont privées d'emplois aujourd'hui,  26 millions d'actifs pouvant travailler et contribuer à produire plus de 2000 milliards d'euro, soit près de 31000€ par habitant ou près de 80000€ par actif - le salaire médian est de moins de 20000€.

Patronat et gouvernement crient au coût du travail. En fait, l'économie est privée du travail que pourraient fournir les 5 millions de chômeurs et du salaire qu'ils ne peuvent dépenser, comme de la faiblesse des salaires. Et les organismes sociaux sont privés de la cotisation des chômeurs et du défaut de cotisations dû à la faiblesse des salaires.

La répartition de la valeur ajoutée entre profits et salaires selon les secteurs montre qu'une modulation des cotisations patronales selon le poids des profits dans la valeur ajoutée est nécessaire pour favoriser l'emploi et selon la qualité de l'emploi pour favoriser une économie plus durable.

Le défaut de salaire des femmes par rapport à celui des hommes doit être corrigé pour l'égalité femmes-hommes, mais aussi pour le surplus de cotisations que cela produirait.

Une contribution des revenus financiers à la protection sociale devrait pouvoir être supportée sur les 250 milliards d'euro versés par les entreprises en dividendes. Cette contribution manifesterait mieux le caractère universel de la protection sociale que la CSG payée à 90% par les salariés sur leur salaire net.

L'allongement de la vie laborieuse sous prétexte de l'allongement de la vie n'augmente pas la quantité de travail, mais le nombre de personnes qui entre en retraite sans être en emploi. Une retraite à 60 ans, c'est un parcours travailleur-apprenant de 42 ans avec la validation des années d'études (supérieur ou/et apprentissage)  dès 18 ans et tout au long de la vie, y compris les périodes de précarité subies.

La pénibilité de certains travaux abîme la vie de ceux qui les exercent. Cette pénibilité doit être reconnue et donner lieu à un départ anticipé avec une retraite complète, sans décote ni abattement.

La manière dont est calculé la pension n'est qu'une cause de dispute entre salariés de statuts différents et n'est mise en avant pour désolidariser. Ce qui compte, c'est le taux de remplacement de la pension sur le dernier salaire qui doit être au moins de 75%. Dans le privé, les salariés peuvent avoir connu des périodes mieux payées que leur dernier emploi. Il est logique d'en tenir compte sur toute la carrière. Mais pas au détriment de ce taux de remplacement.

D'autre part, les pensions ne doivent pas subir une érosion de leur pouvoir d'achat par rapport aux salariés. Chacun, qu'il soit dans son parcours travailleur-apprenant ou retraité doit bénéficier de l'enrichissement de la société. Les pensions doivent évoluer comme le salaire moyen.

La CGT fait des propositions qui méritent de mobiliser salariés et retraités. Chacun doit s'impliquer dans les débats, pas sur des réflexes d'appartenance ou des réflexions non abouties - par exemple, celle qui accepte la CSG sous prétexte d'universalité de la protection sociale, augmentant la pression contributive des salaires à la place de l'exonération des cotisations patronales.