vendredi 24 mai 2013

A la veille de l'assemblée générale d'Orange

Les rapports humains - il doit bien y avoir encore des îlots de souffrance - n'ont plus rien à voir avec la période qui a défrayé les chroniques sous le régime Breton-Lombard. Les valeurs de l'entreprise (simplicité, transparence, proximité, audace et dynamisme) sont portées au travers des réseaux managers jusqu'aux équipes. C'est ainsi que le bilan de l'année 2012 examiné à l'assemblée générale du groupe (28 mai) a été largement présenté.

La mise en avant par une entreprise de valeurs que personne ne peut refuser a quelque chose de faux. Mais elle présente l'intérêt de constituer une référence positive que chacun peut s'approprier. Si elle peut faciliter les rapports humains dans le travail, elle est bienvenue.

Au nom de ces valeurs, les managers développent une activité d'animation qui donne corps à l'entreprise. La publication des comptes à la veille de l'assemblée générale des actionnaires a donné matière aux réunions d'équipes.

L'entreprise mobilise sur sa volonté affichée de préparer l'avenir (investissement +6,5%) malgré la baisse du chiffre d'affaire (-4,1%) et de l'EBITDA (-6,6%) qui nécessite des efforts sur les coûts - bien sûr il est rappelé que le personnel pèse près de 24% du CA.

C'est le document de référence publié par Orange sur son site institutionnel qui a constitué le support de ce billet. La présentation d'une comptabilité est totalement dépendante de l'objectif de la présentation. La direction de l'entreprise utilise les chiffres pour obtenir l'adhésion des actionnaires en affichant une pression sur les coûts et un dessein pour l'avenir. Cette présentation cache des points essentiels.

Une activité largement externalisée
Les salariés de France Telecom ont toujours lutté contre la sous-traitance. Les deux premiers chiffres donnés dans l'information financière sont le chiffre d'affaires et les achats externes. La mise en relation de ces deux chiffres contient une mesure de l'externalisation de l'activité puisque la sous-traitance contribue aux achats externes.

Ce taux d'externalisation cache une grande diversité, elle va de 38% pour Orange France à 66% pour Orange Espagne. En Espagne, Orange se comporte comme Free en France, exploitant ses salariés et abusant de la sous-traitance.

Utilisant les ressources de l'entreprise, le travail produit donc 56% du chiffre d'affaires, le restant étant amené par les fournisseurs et donc intégré dans leur comptabilité.

Cette année, Orange a apporté 24,5 Md€ et permis à s'est fournisseur de créer 19,1 Md€. Cette richesse a été répartie entre les salariés (10,4 Md€), le renouvellement des ressources de l'entreprise (6,3 Md€), l'Etat (3,1 Md€), les dettes (1,8 Md€) et autres (1,8 Md€). De cette activité, il reste 1,1 Md€ de résultat net.

Valeur de l'entreprise et capital
Création de richesse
Le bilan d'Orange, valeur capitalisée à partir des apports en capital et de la valeur créée par le travail, affiche 90 Md€ d'actifs. En face, la société, association de défense des actionnaires, affiche une valeur de 27 Md€ sur le marché des capitaux, soit 30%. Il est clair là que l'entreprise n'a rien à voir avec la société et que le pouvoir des actionnaires est exorbitant (voir Refonder l'entreprise).

Le compte d'exploitation affiche 0,8 Md€ de résultat attribuable aux actionnaires. L'entreprise fournit pourtant 2,1 Md€ de dividende.

En prenant le nom de Medef, le CNPF s'est positionné comme l'institution de l'entreprise. Il est urgent de revisiter ce qu'est une entreprise et réduire le poids excessif du capital.