samedi 16 octobre 2010

Pour un nouveau contrat social

Tous les salariés de France Telecom ont reçu le nouveau contrat social sur lequel s'appuient les conquêtes 2015 que l'opérateur ambitionne. Décrivant la conception actuelle des relations de l'entreprise avec ses salariés, ce texte constitue une source importante de questions DP. La relation financière proposée dans le document de France Telecom ne convient pas.

Dans le contrat social proposé, le salaire n'existe que de façon implicite. Il n'est question que de rétribution équitable de l'engagement de tous et de chacun.

Tout le monde conçoit bien qu'il faille rétribuer de façon équitable l'engagement de tous et de chacun, de partager la valeur créée collectivement par l'entreprise, de rétribuer l'engagement et la performance. Mais le contrat social ignore superbement ce qui constitue la principale source de rémunération du salarié: le salaire.

Les salariés mettent d'abord leur qualification à la disposition de l'entreprise. Validée de façon tangible par l'obtention d'un diplôme, soit en formation initiale, soit en formation continue, éventuellement après une VAE*, la qualification est le produit des efforts personnels et de toute la société (éducation nationale, aides au financement des formations continues), c'est elle que les salariés veulent valoriser dans leur travail dans le salaire.

La rémunération du salarié n'est pas, comme l'affirme le contrat social, le seul produit de l'engagement et de la performance. Il est d'abord la reconnaissance de la qualification que mettent à la disposition de l'entreprise le salarié et la société qui lui a permis d'acquérir cette qualification. Il constitue
- pour le salarié, un encouragement à élever sa qualification et
- pour la société,  le moyen d'augmenter le niveau de consommation et d'élargir les marchés de ses entreprises.

La masse salariale est bien un coût de production. Mais l'entreprise doit imaginer une combinaison des facteurs de production qui alimente le fonctionnement de ses modèles économiques.

Le niveau de la masse salariale n'est pas un frein au développement.** Soixante ans de vie économique montrent que l'augmentation de la masse salariale de l'après deuxième guerre mondiale a produit les trente glorieuses alors que la réduction de 10 point de PIB de la masse salariale dans les années 1980 a produit les trente piteuses qui s'achèvent aujourd'hui. Le niveau de la masse salariale est le principal facteur du dynamisme de la consommation qui étend les marchés dont les entreprises ont besoin.
Elément du facteur de production travail, le salarié est aussi partie-prenante de l'entreprise et doit participer au partage des richesses produites. C'est là qu'intervient la rétribution de l'engagement et de la performance et seulement là. Le salaire répond à la logique de la qualification. Primes, intéressement, participation, etc. ne sont que les clefs du partage des richesses produites.


La CGT propose des niveaux de salaires en fonction du niveau de qualification. Elle propose
- un recrutement à 1600€ pour les salariés sans qualification, le SMIC, 1,2 fois le SMIC pour un BEP, etc. jusqu'à 2 fois pour un master et 2,3 fois pour un doctorat,
- une carrière sur vingt ans qui double le salaire,
- un droit à la formation tout au long de la vie,
- un statut social indépendant de l'entreprise.

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** Dans les années 1975, le chancelier Helmut Schmidt a explicité la rupture: "Les profits d'aujourd'hui font l'investissement de demain et les emplois d'après-demain." Avec le chômage, l'externalisation, les exonérations de charges, les emplois jeunes, l'individualisation et maintenant les emplois vieux, l'allongement des cotisations, les profits ont bien augmentés. Mais ils ont été confisqués par un monde financier qui s'est mis à jouer avec une masse de plus en plus grande d'argent et à prendre des risques intolérables, privant l'économie réelle des moyens nécessaires.