mercredi 24 août 2011

Le très haut débit

Le secteur des télécoms européen est incapable de réaliser l’équipement réseau nécessaire à la mise en place du très haut-débit. En ce début de siècle, le secteur se trouve dans une impasse. Il est incapable de se doter du réseau de distribution de fibre optique nécessaire à la diffusion d’un accès très haut débit aux services numériques d’aujourd’hui.

La déréglementation des années 1990 a remplacé une entreprise publique qui finançait l’Etat tout en assurant la qualité d’un réseau de télécommunications technologiquement à jour contre un secteur privé qui coûte de l’impôt pour amener un bas haut-débit sur une large part du territoire et ne permet même pas aux utilisateurs de mettre à jour leur Windows.

La nouvelle organisation du secteur des télécoms a multiplié les acteurs sur les activités réseaux et services. Avec le dégroupage, les opérateurs privés ont pu bénéficier d’une partie de la rente issue de l’amortissement du réseau de France Telecom en France au détriment de l’opérateur historique.

Mais chaque opérateur étant maintenant autonome, il n’est plus possible de renouveler le réseau de distribution pour donner un accès très haut-débit qu’exigent maintenant les nouveaux services. L’investissement doit être rapidement rentabilisé sur une clientèle suffisamment nombreuse. Le très haut-débit ne peut être que le privilège d’une clientèle citadine, sauf à mobiliser les finances publiques locales, nationales ou européennes. C’est ce que prévoit la région Bretagne.

En Bretagne, les promesses des opérateurs en matière de très haut débit ne portent que sur 40% des utilisateurs et 10% du territoire. La région Bretagne envisage la dépense de 2,5 Md€ pour palier la carence du secteur. Elle s’intègre ainsi dans le dispositif gouvernemental prévoyant un financement à moitié supporté par les opérateurs et à moitié par la puissance publique : un quart pour l’Etat, un quart pour les Collectivités locales.

Tout en préservant le bénéfice de la diversité et du nombre des opérateurs de service, il est possible de bâtir un opérateur public unique de réseau qui permette à chaque opérateur de vendre ses services à n’importe quel utilisateur quel que soit sa localisation sur le territoire et à chaque utilisateur de choisir n’importe quel service du marché.

Cette séparation en services et réseaux est souvent critiquée sur la base de l’échec des régulations des secteurs de l’électricité et du chemin de fer. Mais une différence déterminante garantit la réussite de cette architecture dans le secteur des télécommunications : c’est la non rareté des ressources réseaux. Le coût des réseaux de télécommunication peut être partagé entre les utilisateurs et les opérateurs selon leur accès et alimenter correctement le modèle économique nécessaire au déploiement du réseau. Ce n'est pas le cas par exemple pour RFF qui subit le poids de son presque unique client, la SNCF.

Contrairement à ce que veut faire croire le bon sens véhiculé par les media, il est impossible de savoir si les privatisations de la fin du siècle dernier ont favorisé la diffusion de l’internet et du mobile ou si c’est cette diffusion qui a conforté l’économie privée du secteur. Disons que les deux assertions ont montré leur compatibilité. Mais l’architecture actuelle conduit à l’impasse. Il faut donc en changer.