mardi 21 février 2012

Se libérer du libéralisme

Après quinze années de réglementation libérale du secteur, les entreprises de télécommunications sont devenues des pompes à dividendes : plus de 10%, plus de 50% du cash flow, plus que le résultat net parfois à France Telecom. Depuis 2004, France Telecom a versé plus de 25 Md€, les autres opérateurs plus de 6 Md€ ; beaucoup plus que ce qu'il faudrait pour amener le très haut débit à tous les utilisateurs.

L'administration libérale a réussi pendant des années à faire croire que sa vision libérale était profitable pour le service rendu et pour l'emploi. En 1993, France Telecom employait 178000 personnes. Aujourd'hui, la branche, tout opérateur confondu, emploie 130000 personnes. Sans plan social officiel, France Telecom a éliminé 48000 personnes. Si la plupart de ces personnes ont disparues des effectifs pour une confortable situation, leurs collègues ont essuyé une pression qui a mené un nombre trop grand d'entre eux à de fatales extrémités (la crise sociale qui a défrayé les chroniques médiatiques).

Les offres se multiplient sans que les utilisateurs aient les moyens de les comparer vraiment. La bonne affaire pour les actionnaires attire les acteurs les plus divers, les banques, la poste, les grands distributeurs, les collectivités locales, la RATP, etc. Les salariés souffrent de ne pas pouvoir bien faire le travail et de devoir supporter la violence due à la légitime insatisfaction des clients qui les sollicitent.

Le secteur des télécoms est un enjeu essentiel pour le développement économique, industriel, social et environnemental. Il peut contribuer directement ou indirectement au plein emploi et au progrès social. Mais, comme toute l'économie européenne qui subit la crise financière, le secteur est condamné au toujours moins imposé par la baisse du pouvoir d'achat des clients. Free en fait un atout marketing qui ne trompe personne et déclenche polémiques sur le sérieux et doute sur la pérennité de ses offres.

Au même titre que l'eau, l'énergie, le logement, la santé, l'éducation, les transports, la communication est un bien commun auquel chacun a droit. La régulation libérale du secteur a imposé le low cost pesant sur les budgets des ménages, le développement coûteux en impôts. Le capital est devenu intolérablement cher et il est temps de reconnaître partout, et dans le secteur en particulier, la valeur du travail. Rien ne peut être fait sans une réforme de la régulation du secteur avec une restructuration fonctionnelle et organisationnelle des services et des acteurs dans gouvernance démocratisée.