dimanche 8 avril 2012

Compétitivité emploi

De nombreux salariés ont déjà accepté la promesse de leur employeur de conserver les emplois en échange de baisses de salaires et d'augmentation de temps de travail. La plupart ont subi, malgré cette acceptation, le licenciement redouté. Aujourd'hui le patronat veut généraliser la tromperie.

Le patronat négocie actuellement un accord dit compétitivité-emploi qui consiste à échanger une baisse de salaire et une augmentation du temps de travail contre un engagement à maintenir l'emploi. Selon cet accord, s'il advenait que les salariés contestent et venaient à résister, ils pourraient être licenciés sans motif.

Il suffit que le chef d'entreprise prétende pressentir des problèmes économiques à venir, pour qu'un accord de baisse des rémunérations, de variation de la durée du travail soit imposé aux salariés ! Le comité d’entreprise ne pourrait pas vérifier la réalité des difficultés économiques et faire des propositions alternatives aux licenciements pour défendre les intérêts des salariés.

Salariés et citoyens soutiennent l'entreprise.
Si le salarié refusait la modification de son contrat de travail, il serait licencié sans motif et sans aucune possibilité de le contester devant la justice. Les exonérations de cotisations patronales obtenues depuis vingt ans (plus de 316Md€) ne suffisent plus. Il faut maintenant baisser les salaires et augmenter le temps de travail.

Il y a quarante ans, la droite a enchaîné l'Etat au cher financement des banques. L'Europe a intégré cette aberration dans le traité de Lisbonne qui reprend le texte du traité européen refusé par les Français. Déclinant le théorème de Schmidt, les états ont favorisé la baisse de la masse salariale au nom d'un investissement qui n'a jamais eu lieu. Les salariés sont parvenus à maintenir leur consommation à l'aide des crédits les enchaînant eux aussi aux banques. Et les entreprises ont palier le manque d'investissement  en s'endettant elles aussi.

Les actionnaires prélèvent et sécurisent leur pactole.
Aujourd'hui, la finance joue la hausse des intérêts et met à genoux les Etats les uns après les autres: Grèce, Irlande, Italie, Espagne, la France après les élections - Sarkozy est un allier de choix dans l'utilisation de la crise pour réaliser les réformes régressives du système de protection sociale. A cette pression étatique, le patronat ajoute sa pression sur le dialogue sociale et cherche à obtenir un accord qui sécurise ses plans de prédation des entreprises au profit des actionnaires.

Il est temps de se libérer de cette emprise financière:
- réactiver l'utilisation des banques centrales pour financer les investissements de l'Etat,
- augmenter les salaires bruts de manière à les rendre tous suffisants pour vivre, à rémunérer les qualifications et à gratifier les compétences,
- faire contribuer tous les éléments du salaire au financement de la protection sociale,
- restaurer toute la contribution sociale des entreprises, éventuellement en asseyant cette contribution sur la valeur ajoutée plutôt que sur les salaires bruts,
- mobiliser l'épargne populaire des livrets dans le financement des entreprises sous une gouvernance économique et sociale territoriale,
- dynamiser la gouvernance des entreprises par la démocratisation et l'implication de tous.

Je soutiens la motion syndicale proposée par la CGT contre l'accord compétitivité-emploi et appelle tous mes amis à le faire.