mardi 18 décembre 2012

Pour un tableau de bord transparent de l'entreprise

Le Medef, principal promoteur de cette vision partisane qui fait passer la société - association de défense des actionnaires - pour l'entreprise, s'affiche comme le promoteur de l'entreprise. Le PDG, homme de main grassement payé (la carotte), mais assis sur un siège éjectable (le bâton), produit une comptabilité qui ne permet pas la compréhension entre les parties-prenantes, entre actionnaires et salariés. Le dialogue social dans l'entreprise souffre du décentrage du pouvoir sur la société et de l'inexistence officielle de l'entreprise constituée de l'ensemble des collectifs de travail.

Le Medef met l'accent sur le coût du travail en s'appuyant sur les données d'une comptabilité partisane inscrivant dans le marbre les salaires comme une charge et cachant le poids réel du capital. Le syndicat patronal instrumentalise la crise créée par la politique menée depuis quarante ans pour dénoncer le poids des salaires comme cause unique du manque de compétitivité. Depuis quarante ans, le travail a été dévalorisé (salaires), précarisé, externalisé sans que l'emploi n'y gagne. Le système financier en reste paralysé. Preuve est faite, il faut repartir dans une autre direction.

Actionnaires et salariés contribuent tous deux à l'existence de l'entreprise. Mais, sans statut juridique, l'entreprise n'a pas la même représentation pour l'une et l'autre des parties-prenantes. Pour établir un dialogue social, il faut accepter une représentation commune qui prenne en compte la mission de chacune des parties-prenantes.

C'est l'entreprise qui crée la richesse d'un pays. Son environnement est essentiel pour sa réussite. L'état, les collectivités locales, les chambres consulaires, les acteurs individuels lui apportent les infrastructures, le personnel au bon niveau de formation, la motivation des ressources humaines. L'entreprise est constituée des moyens apportés par le capital et des collectifs de travail.

Aujourd'hui, plus de 90% des actifs sont des salariés en France. Il ne s'agit pas là d'une anomalie française, mais de la caractéristique principale des économies développées.

La mission de l'actionnaire est de fournir du capital pour assurer à l'entreprise les moyens de produire. La mission du salarié est de fournir du travail pour assurer la production qui alimente l'entreprise en revenus.

Le coût du capital à France Telecom
L'actionnaire se rémunère sur le résultat dégagé et sur la valorisation des titres dans le marché des entreprises. S'il prélève trop sur le résultat dégagé, l'actionnaire coûte trop cher et empêche l'entreprise d'investir. Un actionnaire qui achète une action à un autre actionnaire ne finance pas l'entreprise. Il faut qu'il y ait augmentation de capital pour que l'entreprise bénéficie de sa mise de fond. Lors de la privatisation de France Telecom par exemple, c'est l'Etat qui a bénéficié de l'effort des actionnaires. Public ou privé, le capital assèche France Telecom en confisquant le résultat de l'entreprise depuis six ans, plus même en 2009.

Le salarié se rémunère sur la production et prélève une partie de cette rémunération (les cotisations sociales) pour financer sa protection sociale organisée collectivement. Le modèle économique ne fonctionne que si ce prélèvement permet de payer les impôts sans interdire de nouveaux investissements.

La comptabilité ne fait pas apparaître clairement l'apport du travail et cache l'efficacité réelle du capital au profit de la simple rentabilité financière pour l'actionnaire qui n'a aucun intérêt pour la réalité de l'entreprise.

Pour un dialogue social transparent, le tableau de bord de l'entreprise doit faire apparaître clairement ces éléments. Un nouveau modèle de l'entreprise est nécessaire qui ne la confonde pas avec la société, simple association de défense des actionnaires. Une nouvelle comptabilité doit expliciter le rapport des partie-prenantes avec l'entreprise.