jeudi 14 novembre 2013

Emanciper l'Etat, les politiques économiques des Etats et l'Entreprise

Malgré sa richesse, la France (cinquième puissance économie mondiale) ne parvient pas à assurer une activité qui permette à chacun de ses actifs de vivre correctement (en satisfaisant les besoins de la vie d’aujourd’hui).
La baisse du coût du travail est devenue si obsessionnelle dans le management des entreprises que la souffrance au travail semble devenir une fatalité. Trop d'actifs sont privés d'emploi, trop de travailleurs souffrent dans le travail et la situation des entreprises où se produit la richesse empire d'année en année.

La crise est perçue comme une fatalité qui imposerait de plus en plus d'austérité. Plus les solutions présentées comme sans alternative sont mise en œuvre, plus les effets de la crise se font ressentir largement, s'installent comme situation de plus en plus permanentes et alimentent les discours et les actes des responsables politiques et économiques vers les mêmes solutions: le cercle vicieux.

Pourtant, l'observation des quarante dernières années permet bien de lier la situation présente aux politiques mises en œuvre: asservissement des Etats au service des banques et des agences de notation, asservissement des politiques économiques des Etats et des Entreprises au service de l'augmentation des profits sans bénéfice pour les investissement,  asservissement des Entreprises au service du capital.

L'acte fondateur, la loi Pompidou de 1973

Sous le prétexte de casser la planche à billet, Pompidou, Giscard et Rothschild ont interdit à l'Etat Français tout crédit auprès de la Banque de France: la loi Pompidou. Alors que tous les billets sortis de la "planche" disparaissaient avec le remboursement complet, le taux ne faisant que couvrir les frais de la banque, les banques d'aujourd'hui insufflent dans les circuits financiers les intérêts des crédits d'Etat. Cette loi scélérate est passée dans la législation européenne avec le traité de Lisbonne. Aujourd'hui, les banques et leurs officines de notation imposent l'austérité.

Le fondement théorique, le théorème de Schmidt

L'austérité des années 1980 avait pour but d'accroître les investissements en vue de créer des emplois; le théorème de Schmidt était largement admis. Trente ans après, on sait que ce théorème est faux et que plus les profits augmentent, plus les dividendes augmentent laissant les investissements de moins en moins alimentés.

Le mode opératoire, l'usurpation du capital

L'austérité d'aujourd'hui vise la baisse des coûts du travail. Mais si le produit du travail (la valeur ajoutée) est clair, celui du capital est invisible dans les documents de référence des entreprises. Le capital a réussi à mettre l'Entreprise à son service:

  • mise en place de directions serviles grâce à de très hautes rémunérations et de très précaires statuts;
  • mise en place de politiques d'individualisation des salariés (parcours, salaires);
  • mise en place de politiques d'externalisation de l'activité pour transformer le maximum de contrats de travail (dits trop rigides) en contrats commerciaux;
  • mise en place de politiques économiques low-costs.

Le cercle vicieux

De moins en moins de pouvoir d'achat à dépenser, de plus en plus de produits et services low-cost, moins en moins de marges, de plus en plus de pression sur les coûts, de moins en moins de masse salariale: la machine à désindustrialiser est en marche. Et l'Etat pris dans les bras de la pieuvre financière ne peut alimenter une politique industrielle ambitieuse.

Emanciper l'Entreprise, émanciper l'Etat

Il est temps de remettre le capital à sa place, d'émanciper l'entreprise, de refonder l'entreprise. Le PDG - servile serviteur du capital - doit s'effacer devant l'entrepreneur - chef d'orchestre des facteurs de production: capital et travail. Le comportement de propriétaire des actionnaires est illégitime. Le bilan de l'entreprise est alimenté par la valeur ajoutée et les apports du capital. S'il est facile de mettre en balance la masse salariale par rapport à la valeur ajoutée, il est bien difficile d'évaluer les dividendes en fonction des apports en capital.

La société Orange - association de défense des actionnaires - ne vaut qu'un cinquième des actifs du bilan de l'entreprise, actifs issus des valeurs ajoutées produites par les salariés au fil des années. Qui pourra donner le coût de la société, le rapport entre le financement apporté par les actionnaires et les dividendes qui leur ont été versés? Les comptes 2012 s'achèvent par des dividendes deux fois et demi supérieurs au résultat net.

Pour donner les moyens à l'Etat de palier la défaillance des entreprises à donner les moyens de vivre à la population et d'accompagner le mouvement de réappropriation collective de l'économie, il faut abroger la loi Pompidou et renégocier le traité de Lisbonne qui l'impose.

La richesse d'un pays

Quelle sens a la propriété d'une entreprise quand on compare l'apport effectif en capital aux aides de l'Etat et des salariés qui se voient confisquées les cotisations patronales sur la moitié d'entre eux (30Md€ par an) et la CSG nécessaire pour compléter le besoin de financement de la sécurité sociale (90% de la CGS payée par les salariés)

La richesse d'un pays est constituée de l'infrastructure dont il s'est doté, de l'environnement que les entreprises trouvent sur les territoires, de la qualification des actifs (privés ou non d'emploi) et de l'éducation (formation initiale des jeunes et formation tout au long de la vie des actifs), de la vitalité de ses retraités, de la diversité des projets des entrepreneurs, de la bonne utilisation de l'épargne.

Le mouvement européen

La CGT s'implique dans le syndicalisme européen à la CES. L'Europe qui impose aujourd'hui la guerre généralisée sur les terrains fiscaux et sociaux et le bon niveau pour aménager l'environnement propre à développer la richesse qui permette à chacun d'y contribuer et d'en vivre. C'est à ce niveau qu'il faut porte l'émancipation de l'Entreprise - restaurer l'entrepreneur chef d'orchestre des facteurs de production - et l'émancipation de l'Etat - libérer l'usage des banques centrales coordonnées politiquement au niveau européen.