mardi 14 janvier 2014

Le Monde est mathématique

Le monde est mathématique
Une petite mention au bac m'a permis de faire des études pour le plaisir: les mathématiques. Et j'ai eu un énorme plaisir à collectionner les livres de la collection éditée par Le Monde: "Le monde est mathématique". Je déguste maintenant cette collection dans le désordre, à l'inspiration.
En ce moment, je lis "Les mathématiques dans l'économie".
Même les mathématiques peuvent être sujet de dispute, dans l'économie en particulier.
Il faut se méfier de tout discours qui tend à imposer l'idée qu'il n'y a pas d'alternative, même dans un discours mathématique. Une démonstration exprime un discours, mais cache aussi les alternatives. 
Le volume n°39 de la collection, "Les mathématiques dans l'économie", reflète bien la teneur générale de la collection: un discours simple, quelques démonstrations dans des encarts, une ligne générale plutôt historique, un rythme assez paisible, des indications pour approfondir.

Volume n°39
Le troisième chapitre permet de comprendre ce que le tableau d'amortissement: remboursement d'une part fixe de capital avec des tranches variables de remboursements correspondant à la variation des intérêts (en Allemagne) ou remboursement d'une part croissante de capital avec des tranches fixes de remboursement, les intérêts décroissant au fil des tranches (en France).

Quelle sont les intérêts respectifs de ces deux systèmes de remboursement? L'ouvrage ne le dit pas. Les mathématiques, les formules données n'en disent rien. Le système qui a cours en France rend moins forte les premières échéances, mais gardent plus longtemps plus de capital à rembourser. Le système qui a cours en Allemagne impose des remboursements plus lourds au début, mais liquide plus vite une plus large part du capital.

L'ouvrage visite les questions de la production et des coûts de production, la rentabilité de l'investissement, le marché, la bourse, la croissance et le développement et s'achève sur la question de la modélisation. Mais il semble n’exister qu'une seule personne dans le monde décrit: le capitaliste qui se considère comme le propriétaire de l'entreprise, seul maître à bord qui défend ses seuls intérêts.

Or une entreprise se construit à partir d'un investissement initial, mais très vite sur la valeur ajoutée produite par le travail qui rembourse les dettes de l'entreprise, paie des impôts, renouvelle ses équipements, rémunère les "propriétaires" et alimente le bilan. D'autre part, depuis trente ans des politiques de l'emploi alimentent largement le financement de l'entreprise. Les détenteurs du "capital" sont de moins en moins légitimes à décider de tout dans l'entreprise, ils doivent partager les décisions avec les salariés et servir les plans stratégiques de l’État et des régions qui financent un environnement fertile.

Il faut inventer une mathématique au service d'une économie pilotée par des intérêts pluriels.