jeudi 26 janvier 2012

Une commission CE "santé au travail"

Elu au CE de la Direction Orange Ouest, je préside la commission "santé au travail". La Direction présentait un dossier de recrutement d'un médecin et une réorganisation des secteurs du système de santé au travail. J'en ai profité pour faire une déclaration militant pour une implication forte de l'instance.

En un quart de siècle, les transformations de l'organisation du travail ont réduit les marges de manœuvre et les capacités d'anticipation nécessaires pour se préserver. Elles ont multiplié les situations de surcharge mentale, sans faire disparaître les sources de pénibilités classiques: bruit, tâches parcellaires et répétitives, travail de nuit, de dimanche, etc. Cette évolution entraîne une grande usure mentale et physique des salariés dont les plus avancés en âge subissent des situations excluantes.

La multiplication des critères d'évaluation abstraits, déconnectés de l'activité réelle, jamais discutés, souvent incompatibles avec la réalisation d'un travail de qualité alimente une source continue de conflits et de souffrance psychique qui deviennent de plus en plus insupportables au cours d'une vie professionnelle qui s'allongement.

Mais les affaires de l'amiante ont fait progresser les droits en matière de réparation et de prévention avec une obligation de sécurité de résultat pesant sur l'employeur en matière de faute inexcusable. Le droit à la santé au travail s'impose désormais au pouvoir de direction de l'employeur. Le rôle et le pouvoir du CHSCT s'en trouve considérablement renforcés.

Le champ des connaissances en matière de santé au travail progresse sur les conditions de travail et les expositions professionnelles. L'Etat s'est donné de puissants outils d'évaluation des risques lui permettant de mieux caractériser les populations concernées et l'ampleur du risque. La recherche produit de grandes enquêtes. De nouvelles disciplines apparaissent pour mieux appréhender les risques (la psychologie dynamique du travail, l'ergotoxicologie).

Il est maintenant avéré qu'une simple démarche d'aménagement du poste de travail est inefficace. Les TMS sont multifactoriels et trouvent leur origine dans l'organisation du travail qui, pour le bon fonctionnement de l'entreprise comme pour la santé du salarié, doit laisser des marges de manœuvre vis-à-vis de la gestion des contradictions et des aléas inhérents à toute production.

Les ressorts d'une véritable prévention se trouvent, non dans une "psychologisation" individualisée des difficultés du salarié (tendance naturelle de l'employeur), ni dans la reconnaissance d'un statut de victime et de la réparation/prévention des dommages (action du CHSCT), mais dans l'ouverture d'espaces collectifs de discussion sur le travail et sur tout ce qui empêche de le bien faire. L'ouverture de ces espaces suppose la mobilisation du CE.

En se donnant une commission "santé au travail", le CE a affirmé son ambition de s'assurer une intervention de qualité pour le bien-être au travail fondée sur l'appropriation d'une littérature très productive actuellement.